Bouquinistes-parisien-1936

Violet Trefusis – Épisode 9 – La romancière

Violet a écrit un premier roman après sa rupture avec Vita. Surveillée par sa famille, sans argent, elle était alors contrainte de suivre Alice dans ses voyages. L’écriture était à la fois un refuge et un moyen de combler de longues heures de solitude.

Le premier roman de Violet s’appelle « The Hook of the Heart » ; ce crochet planté dans le cœur que l’on ne peut pas retirer sans tout arracher. Violet ne cherchera pas à le faire publier. Il reflète son état émotionnel, sans effets de style ou dispositif littéraire particulier. Le personnage principal, Cécile, doit épouser à contrecœur un duc espagnol et s’installe dans son château où règne une belle-mère tyrannique et manipulatrice. Lors de ses promenades dans la campagne environnante, Cécile rencontre Kalo, un Gitan dont elle tombe amoureuse. Mais Kalo se révèle cruel et malhonnête. Il capture des oiseaux et, dans le but de les vendre, leur arrache les yeux pour qu’ils chantent mieux. Cécile découvre que Kalo est marié et qu’il conspire avec son épouse pour la voler. Rejetée par le duc, désavouée par sa famille et trahie par Kalo, Cécile se retrouve dans une terrible solitude.

Un jeu de miroir

Dans ce récit, Violet s’identifie bien sûr à Cécile. Vita est à la fois le duc espagnol et Kalo. Quant à la belle-mère, c’est un mélange d’Alice et de Victoria Sackville-West. Tous les romans de Violet seront construits sur ce même modèle. Sous sa plume, les différents protagonistes de son histoire d’amour avec Vita rejoueront inlassablement le même drame. Pour se protéger, Violet transforme cependant ses romans en énigmes impossibles à déchiffrer. La vérité qui se cache dans ses fictions est maquillée, transposée avec un soin extrême.

D’après sa biographe, Cécile Wajsbrot, Violet aurait pu être une excellente autrice si elle avait affronté ses démons et accepté de livrer une plus grande part d’elle-même dans ses romans 1. Mais Violet avait bien trop peur d’être à nouveau démasquée, moquée et rejetée. Dans ses lettres à Vita, elle regrettait aussi son dilettantisme et sa faible capacité de concentration. Violet manquait enfin de confiance en elle. Elle ne se jugeait pas assez talentueuse, intelligente ou brillante pour être une bonne écrivaine.

Sortie de secours

« The Hook of the Heart » est écrit en anglais. Pour ses romans suivants, Violet choisit le français, la langue de son pays d’adoption où elle se sent bien plus libre. Elle se trouve un style : caustique, ironique et distancié.

Son second livre date de 1929 et s’appelle « Sortie de secours ». Laure, nouvel avatar de Violet, est amoureuse de Drino, un séducteur qui finit par la trahir. Blessée et malade, Laure fuit Paris et se réfugie en Provence chez le peintre Oradour qu’elle a rencontré dans un salon parisien. Oradour, bien plus âgé que Laure, la prend comme élève. Laure tombe amoureuse de lui, même si ses sentiments sont loin d’égaler la passion qu’elle éprouve pour Drino. Laure est un temps tiraillée entre les deux hommes, jusqu’à ce qu’elle découvre par hasard la duplicité d’Oradour. L’amour est décidément un jeu de dupes, de trahisons et de mensonges.

sortie-de-secours

Il y a cependant dans ce roman une note d’espoir qui était absente de « The Hook of the Heart » : cette fameuse « sortie de secours », qui est une espèce d’instinct de conservation :

Dans chaque être, il y a une porte de secours, c’est-à-dire le culte de soi sous des manifestations multiples, ce qui fait que lorsqu’une obsession devient trop violente, on puisse s’évader, disparaître dans un ricanement. L’inconvénient, c’est qu’on ne peut pas toujours revenir.

« Sortie de secours, écrit par Violet Trefusis, éd Argo, 1929 »

Survivre a en effet un coût, et Violet a perdu une part d’elle-même dans son histoire d’amour avec Vita. 

Orlando

En 1928 paraît « Orlando », une biographie imaginaire de Vita écrite par Virginia Woolf. Dans ce roman, Vita devient Orlando, le jeune Lord d’un Knole fictif dont la très longue existence s’étend sur plusieurs siècles et qui change de sexe au cours du récit. Pour les besoins de son livre, Virginia a longuement interrogé Vita sur son passé, et notamment sa liaison avec Violet. Elle l’a aussi fait poser pour des photos qui illustrent le roman.

Dès la sortie d’Orlando, Vita est très vite identifiée publiquement comme la véritable source d’inspiration de Virginia. C’est donc en toute connaissance de cause que Violet en commence la lecture. Elle a la mauvaise surprise de se reconnaître dans le personnage de Sasha, une jeune aristocrate russe dont Orlando tombe éperdument amoureux et pour qui il est prêt à tout quitter. Mais Sacha trahit Orlando avec un vulgaire marin. Puis, le jour où ils doivent s’enfuir tous les deux, elle l’abandonne sans une explication et part sans lui.

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Vita prend la pose pour « Orlando »

Le personnage de Sasha dans « Orlando » est sans doute l’une des pires cruautés de Vita à l’égard de Violet. Par l’intermédiaire de Virginia, qui ne connaît que la version de Vita, Violet est dépeinte comme une séductrice, une courtisane, une traîtresse. Vita lui attribue non seulement tous les torts, mais elle a aussi l’audace de se présenter comme celle qui a été abandonnée. Violet n’a aucun moyen de protester, de se défendre. Elle est réduite au silence, dans la vraie vie mais aussi dans les pages d’Orlando, ce chef-d’œuvre qui va, comme son héros/héroïne, traverser les siècles. Comment lutter contre la notoriété et le talent de Virginia Woolf ? Des années plus tard, Violet prendra sa revanche. Une revanche littéraire, discrète comme la piqûre d’une aiguille trempée dans du poison.

La mort de Denys

Violet et Denys se voient de moins en moins. Denys s’entend bien avec Winnaretta avec qui il partage une passion pour la musique. Il se montre au bras de Violet lorsque la présence d’un époux est nécessaire, mais il mène une vie tout à fait séparée. Toujours passionné par la Russie, il s’y rend trois ans de suite à partir de 1926, curieux de découvrir ce qu’est devenu le pays depuis la révolution de 1917. En tant qu’aristocrate anglais, il est bien évidemment farouchement anticommuniste.

Ces voyages éprouvent sa santé déjà très fragile. Il souffre de tuberculose chronique, demeure très maigre et sujet à des sautes d’humeur et des cauchemars récurrents, sans doute dus aux traumatismes causés par la Première Guerre mondiale. Denys meurt en 1929, à l’âge de trente-neuf ans.

Un deuil tout en réserve

Violet a refusé de jouer les infirmières et a laissé ce rôle à la famille de Denys. Elle s’est contentée de passer de temps en temps une tête par la porte entrouverte de sa chambre d’hôpital pour lui demander s’il avait besoin de quelque chose. Gênés, certains biographes de Violet tentent par tous les moyens de démontrer qu’elle aurait éprouvé beaucoup de peine à la mort de Denys. Il est permis d’en douter. Compte tenu de leur relation, passer une tête à travers la porte entrebâillée de sa chambre était déjà beaucoup. Violet n’a jamais vraiment consenti à son mariage avec Denys qui lui a causé beaucoup de souffrances. Horrifiée par la maternité, elle n’adhérait pas à l’idée que le fardeau du « care », comme on l’appelle aujourd’hui, était naturellement dévolu aux femmes.

Alice ne manifeste pas beaucoup plus d’émotions à la mort de Denys. Comme Winaretta, elle estime que le statut de femme divorcée n’est pas convenable. Par contre, être veuve lui paraît être une situation à la fois respectable et – il faut bien le dire – assez confortable. On peut obliger les femmes à se soumettre aux dictats de l’hétéropatriarcat. On peut leur tordre le poignet, comme le faisait Denys avec Violet, pour les forcer à dire « bonne nuit, chéri ». En revanche, on ne doit pas s’attendre à ce qu’elles fassent preuve de beaucoup de sentimentalité à la mort d’un époux qui leur a été imposé.  

La mort de Denys délivre enfin Violet du carcan du mariage. Un peu tard cependant, car les blessures sont profondes. Elle va pouvoir recommencer à se moquer de cette vénérable institution en s’inventant des fiancés, en faisant courir le bruit d’imminentes épousailles. Violet asticote le mariage comme une menace définitivement écartée ; une bête fauve vaincue et couverte de chaînes qui ne peut plus la blesser.

La tour de Saint-Loup-de-Naud

Deux ans avant la mort de Denys, Violet s’installe dans une nouvelle demeure dans laquelle elle va véritablement s’épanouir : le château de Saint-Loup-de-Naud, un village situé près de Provins, à quatre-vingts kilomètres au sud-est de Paris.

Les circonstances de la découverte et de l’acquisition de Saint-Loup sont floues. Comme toujours, Violet a brouillé les pistes, mélangeant allégrement réalité et fiction. Dans ses mémoires, elle relate un déjeuner avec Proust au cours duquel l’écrivain aurait mentionné le village et son église romane qui lui ont inspiré l’un de ses personnages. En relisant des années plus tard « À la recherche du temps perdu », Violet se serait remémoré cette conversation et se serait mise en tête d’aller visiter les lieux. Lors de ce périple, effectué selon elle en solitaire (elle détestait pourtant être seule), elle serait tombée sous le charme du château de Saint-Loup-de-Naud : une tour en ruine datant du XVe siècle – et habitée par des moines bénédictins jusqu’au XVIIIe siècle – prolongée par un bâtiment bas et un jardin en pente.

Saint-Loup-de-Naud
La tour de Saint-Loup ©Thor19 / Licence CC BY-SA 3.0

En réalité, c’est plutôt Winnaretta, dont le nom figure sur les registres, qui a sans doute acheté et fait rénover le château pour Violet, qu’elle lui a ensuite offert lors de leur rupture.

Une parenthèse : ma très chère, il y a deux enseignements à tirer de cette anecdote : 1) la prochaine fois que l’on vous abandonnera, pensez à négocier un cadeau de rupture. 2) Voyez grand, exigez un château !

Un château de légende

Saint-Loup est la maison rêvée de Violet qui a toujours aimé les décors chargés d’histoire où flotte un parfum de légende, comme Duntreath Castle, Knole ou Berkeley. Elle va pouvoir y créer une atmosphère à son image en meublant et décorant les lieux à son goût : mobilier du XVIIIe, tapisseries colorées, miroirs vénitiens au verre patiné, jardins à l’italienne. Saint-Loup lui permet également de devenir une véritable hôtesse, comme Alice – en plus modeste cependant, car elle ne possède pas la fortune de sa mère. Violet organise de grandes fêtes où se croisent ses amis : Colette, Denise Bourdet, Francis Poulenc, Henri Sauguet, Jean Cocteau, Jacques Février… Une fois par an, Violet ouvre sa maison et ses jardins aux villageois avec qui elle partage volontiers une danse.

Violet, au sujet de Saint Loup – comme un autoportrait :

J’ai peur que l’on ne puisse pas dire que Saint-Loup a bon caractère. Il est sensuel, avide comme un courtisan vénitien, avec le même goût insatiable du velours couleur de pêche gâtée. Il est sans pitié, vindicatif, capricieux. S’il vous prend en grippe, c’en est fait de vous. Vous êtes dans votre chambre depuis cinq minutes à peine qu’une conduite éclate. Vous tombez en vous foulant la cheville dans l’escalier en colimaçon, le feu dans la chambre donne tellement de fumée qu’on se croirait dans le dernier acte de la Walkyrie. Si, d’un autre côté, vous avez la chance de plaire à Saint-Loup, il manquera également totalement de scrupules. Aucune scène de séduction n’est trop osée, aucune posture trop audacieuse. Saint-Loup vous appelle, vous importune, vous retient.

« Don’t Look Round », écrit par Violet Trefusis, éd. Hutchinson, 1952, p.98

Le face à face avec Virginia Woolf

En 1931, Violet publie « Écho », un roman qui a pour toile de fond l’Écosse de son enfance et Duntreath Castle. Le livre rencontre un certain succès et lui vaut une nomination pour le prix Femina.

Confortée dans ses ambitions littéraires, Violet envisage une publication de son livre suivant, « Tandem », en Angleterre. C’est dans cette optique qu’elle rencontre en novembre 1932 Virginia Woolf qui dirige, avec son mari Leonard Woolf, la Hogarth Press qui a publié plusieurs romans de Vita. La démarche est vouée à l’échec : par loyauté à l’égard de Vita, il n’y a aucune chance que Virginia se lance dans une telle aventure éditoriale. Violet a-t-elle voulu montrer à Vita, par l’intermédiaire de Virginia, qu’elle était à son tour devenue une romancière ?

Virginia_Woolf_1927
Virginia Woolf en 1927

Il est également possible que Violet ait cédé à la curiosité. Orlando est considéré comme une longue lettre d’amour de Virginia à l’attention de Vita. Il témoigne de leur intimité, qui ne peut être qu’une intimité amoureuse. Violet, qui n’a pas vu Vita depuis dix ans, est terriblement jalouse de Virginia. Son biographe, Philippe Jullian, lui a un jour demandé si Vita avait vraiment été amoureuse de Virginia. « Même pas pour une minute, a répondu Violet avec aigreur. Virginia lui a couru après, et Vita ne pouvait plus s’en débarrasser. Elle la trouvait si sentimentale. » 2

La rencontre entre ces deux louves, qui n’ont rien en commun à part leur amour pour Vita, est laissée à notre imagination. Nous n’en connaissons que des bribes, à travers une lettre écrite par Virginia qui raconte cette entrevue à Vita :

Devine qui est venu me parler l’autre soir. Tu as le droit à trois hypothèses. Toutes fausses. C’était Violet Trefusis – ta Violet. Mon Dieu, c’était drôle ! Je vois désormais pourquoi tu étais si énamourée – bon : elle est un peu trop pleine maintenant, non, plutôt fanée ; mais quelle séduction ! Quelle voix – zézayante, hésitante, quelle chaleur, quelle souplesse, et à sa façon si particulière – qui n’est pas la mienne – je suis bien plus raffinée – ce qui en soit n’est pas un avantage – si charmante, comme un écureuil au milieu des lièvres mâles – un écureuil rouge au milieu des noisettes brunes. Nous nous sommes observées et fait des clins d’œil à travers le feuillage ; et nous nous sommes appelées scrupuleusement madame Trefusis et madame Woolf.

« Mrs Keppel and Her Daughter » écrit par Diana Souhami, éd HarperCollins 1996, chapitre 17

Évidemment, rien ne sera explicitement formulé durant cette rencontre. Tout est affaire de sous-entendus :

Elle m’a demandé de lui donner un exemplaire du « Common Reader », ce que j’ai fait, et je lui ai dit, en souriant : « au fait, est-ce que vous êtes une Lady vous aussi ? » Non, non, a-t-elle répondu en souriant, comprenant parfaitement où je voulais en venir, c’est-à-dire à toi.

« Mrs Keppel and Her Daughter » écrit par Diana Souhami, éd HarperCollins 1996, chapitre 17

Violet lance quelques perches à Virginia : une invitation à séjourner en France, un bouquet de fleurs à l’occasion du Nouvel An. Mais leur relation en restera là. Du moins, dans le monde réel. Car Violet poursuit leur conversation dans un roman qui constitue sa vengeance secrète : « Broderie anglaise ».

Broderie anglaise

Tandem sort finalement en Angleterre en 1933. Le roman, salué par une critique élogieuse dans le supplément littéraire du Times, y est bien accueilli. En 1935, Violet publie « Broderie anglaise ». Écrit en français, ce roman ne paraîtra en Angleterre qu’en 1968. Ni Vita ni Virginia n’en auront jamais connaissance.  

« Broderie anglaise » met en scène un trio de personnages : Alexa, Anne et sir John. Alexa est une autrice talentueuse, mais qui manque de sensualité et de chaleur humaine. Elle entretient une liaison un peu tiède avec sir John qui vit sous la coupe de sa mère : Lady Shorne, une tyrannique et cupide quinquagénaire à la bouche cruelle et à la beauté flétrie. Un après-midi, Alexa reçoit la visite d’Anne, la cousine et l’ancienne amante de sir John avec qui il a eu une liaison passionnée des années plus tôt et qui habite désormais en France. Leur histoire d’amour n’a jamais cessé de hanter sir John, mais elle fascine également Alexa.

Une discrète vengeance littéraire

Dans ce livre, Violet règle ses comptes, abritée derrière le paravent de la fiction et celui de la langue française que ni sa mère ni Virginia ne parlent. Elle égratigne Alexa/Virginia mais elle s’emploie surtout à rétablir sa vérité : la possessivité de Vita/sir John et sa soumission vis-à-vis de la figure maternelle de Lady Shorne qui incarne à la fois Alice et Victoria. Elle décrit une scène troublante qui rappelle celle que Vita a relatée dans son manuscrit secret : ce jour, peu après le mariage de Violet, où Vita l’a emmenée dans une chambre d’hôtel et lui a fait l’amour pour réaffirmer ses droits sur elle.

Bientôt, il [Vita/sir John] se mit à murmurer des phrases incohérentes qu’elle saisissait à peine : « Je suis le maître ici ! Je vais lui montrer ! Comment ose-t-elle ! »   

« Broderie anglaise », écrit par Violet Trefusis, Plon, 1935

Violet suggère que Vita/sir John se sert des femmes pour assouvir son besoin de possession et se venger de sa relation chaotique avec sa mère.

Comme dans la vraie vie Virginia/Alexa a écrit un bestseller en s’inspirant des confessions de sir John – une version biaisée et pleine de mensonges. Sir John a toujours prétendu avoir été abandonné par Anne, incapable de s’engager. Mais en réalité, sir John a renoncé au dernier moment à l’épouser en raison de l’opposition de sa mère, Lady Shorne, qui désapprouvait leur union.

Violet met en scène une conversation imaginaire entre elle et Virginia/Alexa où, au contraire de cette soirée de novembre 1932, elle peut crier sa vérité : 

– Vous l’aimez encore ? reprit Alexa presque timidement, se rendant aussitôt compte de ce que sa question avait de superflu.

– Oui

– Pourquoi ne vous êtes-vous pas manifestée ?

– Après ce qu’il m’avait fait ?

« Broderie anglaise » écrit par Violet Trefusis, Plon, 1935

Poursuivre la lecture – épisode 10

Image illustrant l’article : bouquiniste parisiens, 1936, photo de Willem van de Poll

Notes

  1. « Violet Trefusis » écrit par Cécile Wajsbrot, éd. Mercure de France 1989, p.141[]
  2. « Violet Trefusis : a biography », écrit par Philippe Jullian et John Phillips, éd. A. Harvest/HBJ Books, 1976, p.63[]
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